Devient-on Dominatrice ou son âme nous habite-t-elle déjà ?

Je n’ai pas le souvenir d’avoir persécuté des camarades de classe dans ma jeunesse. J’étais plutôt timide, discrète comme me le demandait mon éducation. Surtout pas de vague, il faut rester sage. Le droit de jouer mais sans chahuter, le droit de courir mais au trot, le droit de crier mais en silence.
Non je n’avais pas l’âme d’une Dominatrice, mais ma sévère et non moins délicieuse mère en avait l’étoffe. Une femme forte, autoritaire, décidée avec un brin de sadisme. Je dirais que le mimétisme à fait son chemin et me suis découverte aussi autoritaire et sadique qu’elle quand je suis  rentrée dans l’armée. Un monde d’hommes où les femmes doivent se faire entendre, se faire comprendre et se faire obéir. C’est vrai, après tout le système patriarcal à longtemps définit la femme comme une chose fragile, docile et obéissante.
Fragile ? Qui saigne tous les mois sans jamais mourir ? Qui risque sa vie en donnant naissance ? Qui éduque, soigne, protège, enseigne ? Mieux encore qui nourrit de son sein ? Point de discours féministe, juste des faits. Rien n’enlève ce que l’homme nous apporte à savoir sa force,  son agilité et… (oups la Domina en moi ne voit rien d’autre).

Durant vingt ans dans ce milieu masculin, j’ai réussi à me faire entendre, comprendre en élevant le ton quand mon égo se sentait menacé. Seulement avec le temps j’ai appris à ne plus lever la voix et pourtant à faire passer le message, avec un regard franc, un répondant incisif et une franchise acérée que j’ai appris à arrondir avec un soupçon d’humour. A cette époque j’ignorais jusqu’à l’existence du BDSM, ou encore même de la gynarchie, alors que j’ai grandi dans un milieu similaire au dernier.
Et oui dans ma famille, et dans mes origines, la femme est ce qu’on appelle un potomitan. C’est du créole et la définit comme celle qui tient la charpente. L’homme est présent mais ne décide pas, même s’il pense le faire… La femme à le dernier mot… en tout cas c’était comme cela chez moi. La graine était là et elle germait depuis tout ce temps…

Tout dépend de nos expériences, de notre vécue, de nos rencontres, de ce que la vie à bien voulu nous faire vivre. Pour ma part la Domina s’est éveillée un jour de juillet, mais je te raconte déjà tout cela dans mon journal intime qui sera très bientôt disponible.

 Il y a en tout cas, une chose que je sais… C’est que dès le départ, je n’ai pas eu le sentiment de jouer un rôle. Pour avoir fait du théâtre et de l’impro, je me souviens qu’interpréter un personnage me demandait beaucoup d’effort pour y rester. Il fallait incarner une autre ou une autre. Lui donner un caractère souvent aux antipodes du notre,  exprimer des émotions que l’on ne ferait jamais dans notre vie, par peur, par protection. J’admire justement les acteurs et les comédiens pour leurs fabuleux jeux. Un Kad Mérad toujours drôle qui un jour incarne un rôle dramatique, un Johnny Depp tantôt timide, tantôt séducteur, tantôt fou. Et que dire d’une Charlize Sterone qui va s’enlaidir pour incarner une tueuse en série.
Je suis subjuguée par leur prouesse, leur force, leur détermination et leur talent. 

Quand je revêts les atours de Lady Némésis pour une séance, ou en soirée, je ne me déguise pas. Quand je regarde de haut un soumis ou que je l’ignore avec dédain, je ne joue pas. Quand je m’amuse avec son pauvre corps qu’il me laisse en pâture, je jubile, mon intellect jouit de cet instant délectable. Aucun effort, aucune contrainte, juste de la joie, du plaisir, parfois de la légèreté.

Pourtant je porte une tenue de pirate, des vêtements vestiges d’une autre époque. Ma démarche est chaloupée, mon regard affûté, mes injures désuètes et pourtant tout est naturel. Dans ma vie vanille seules mes injures désuètes sont mises au placard. J’ai toujours ma démarche chaloupée, mes bottes, mon regard franc comme mon parler toujours teinté de douceur, de chaleur et ce brin d’humour qui me caractérise.

De cette analyse je me pose la question suivante….

Je ne peux répondre à cette question, étant de l’autre côté de la laisse, je te confie le soin de partager ton point de vue, ton expérience.

C’est avec plaisir que je découvrirai ce qu’il se trame dans ton crâne de misérable restant de galère.